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Ateliers Filiozat

 

Le masque à oxygène

 

J'ai participé à un atelier Filliozat en novembre 2014, à Aix-en-Provence : le masque à oxygène. Les participants étaient répartis en petits groupe de 5/6 personnes, regroupés par âge des enfants. J'étais dans le groupe des enfants de 2-3 ans avec 4 autres mamans. Pour commencer la journée d'atelier, Isablle Filliozat a proposé d'établir les règles qui encadrent cette journée. Parmi les règles qui sont proposées, il y a celles qui concernent la façon dont on va communiquer tous ensemble : 

- le tutoiement

- s'adresser les uns aux autres en utlisant le prénom

- le non jugement

- la confidentialité des données personnelles partagées

 

Une participante propose d'ajouter la bienveillance à ces règles mais Isabelle Filliozat explique que ce n'est pas une règle car il ne s'agit pas d'un comportement externe. Il faut établir des règles faciles à suivre : c'est pareil avec nos enfants. Effectivement les règles sont importantes car elles permettent de définir un cadre de sécurité à conditions que celles-ci soient bien choisies. Donner une règle à un enfant c'est aussi lui donner les moyens de pouvoir la respecter.

 

Isabelle Filliozat propose ensuite à tous les participants de se lever, évoluer dans la salle pour observer celle-ci et échanger rapidement avec chacune des personnes que l'on croise pour se présenter rapidement. 

 

1. L'approche empathique

 

Pour aborder la notion d'approche empathique, Isabelle Filliozat prend l'exemple d'un enfant qui entre dans une pharmacie, voit des tétines et s'écrie : "Je veux une tétine!". Elle explique que des études statistiques ont montré que les mots "je veux" sont les mots les plus prononcés par les enfants et que le sens de ces mots va au-delà de ce qu'on entend.

Chez un enfant, "je veux" signifie : "je pense à ma tétine", "j'aime ma tétine", "j'ai une tétine"... En effet, un petit enfant n'a pas encore suffisamment de vocabulaire pour décrire tout ce qui lui passe par la tête, il utilise donc une même phrase pour exprimer de nombreuses situations, ce qui peut rendre confus le parent et entraîner de mauvaises interprétations. Dans son livre, "J'ai tout essayé", je me souviens de l'exemple de l'enfant qui voit un ballon et qui dit "je veux un ballon!". J'ai été confrontée de nombreuses fois à ce type de situation et c'est vrai que le simple fait de décrire le ballon, raconter une histoire autour de celui-ci a suffi à contenter mon loulou, sans repartir avec un énorme ballon à la maison.

 

Isabelle Filliozat décrit ensuite ce qu'est la colère. Il s'agit d'une réaction physiologique au cours de laquelle se produit une sécrétion d'hormone : le cortisol. Il s'agit de la même hormone qui est sécrétée lorsqu'on se sent impuissant.

Face à un tel comportement de l'enfant, une réaction physiologique déclenche l'émotion dans l'amygdale. Cette libération d'hormones peut mener à une réaction disproportionnée. Les principales réactions de stress sont : 

- l'attaque

- la fuite

- le figement

 

Si on ne peut ni fuire, ni attaquer, alors on se fige. Les hormones entraînent une anésthésie du corps qui font qu'on ne sent plus rien.

 

2. Le masque à oxygène

 

L'atelier est intitulé "le masque à oxygène". Il fait référence aux consignes de sécurité dispensées dans l'avion au cours desquelles l'hôtesse ou le stuart indique que le parent doit d'abord utiliser le masque à oxygène sur lui avant de le mettre sur le visage de son enfant.

 

Une réponse appropriée à l'enfant sera d'autant plus aisée si le parent a pris soin de lui au préalable. Sauf que voilà, la vie de parent, c'est n'est pas de tout repos. Une mère perd en moyenne 600 heures de sommeil la première année. On part donc avec une base de fatigue terrible et à la maison, ce n'est jamais fini, c'est 7j/7 et 24h/24 avec très peu de gratification à la clé. Contrairement au travail où on vous dit merci lorsque vous rendez un dossier complet, à la maison, il est rare qu'on vous remercie d'avoir changé la couche. Le parent est donc sous stress car en déficit de signes de reconnaissance.

 

Dans ces conditions, il est difficile de choisir la réponse appropriée à une réaction stressante de nos enfants. Face à une situation, par exemple son enfant renverse un verre, le cerveau du parent va chercher une réaction qu'il a vue ou vécue dans une situation analogue. Les neurones miroirs entrent en scène. Plus l'attitude des parents aura fait peur/honte, plus le cerveau du parent va la capter. On s'identifie donc soit à l'enfant, soit au parent, en se plaçant dans la situation la moins douloureuse, par exemple à la place du papa qui crie.

 

Grâce à l'IRM fonctionnelle, des études ont montré que lorsqu'un enfant, face à son parent, pleure pour aller dans ses bras, le cerveau du parent est plein d'ocytocine. Mais dans certains cas, par exemple si le parent n'a pas reçu tout l'attachement, a reçu des coups, de la honte, alors il n'y a pas d'ocytocine. Le cerveau a été altéré, et ce sont d'autres zones du cerveau qui s'allument : le système de stress.

 

Isabelle Filliozat conclut donc qu'il n'y a pas de mauvais parent, mais des parents qui ont été trop blessés par leurs parents. En situation de peur ou de honte, c'est l'amygdale qui est sollicitée. Pour calmer l'amygdale, rien de tel qu'un câlin pour faire sécréter de l'ocytocine. Mais les personnes qui ont été blessées plus jeunes ont très peu de récepteurs à ocytocine et il faut que le câlin tendre dure au moins 20 secondes pour provoquer la sécretion de l'hormone. Heureusement pour nous, des récepteurs à ocytocine peuvent être fabriqués tout au long de notre vie.

 

Les outils pour calmer le stress : 

 

- Le contact physique : la technique du "voilà", qui consiste à s'enlacer en répétant "voilà" plusieurs fois. Si la personne enlacée a une réaction de rejet, tenir un peu plus fort pendant au moins 20 secondes. Si ce n'est pas possible, un regard rempli de tendresse peu fonctionner aussi.

 

- La respiration profonde : souffler longtemps, la respiration doit être dans le sacrum. Par contre, une inspiration profonde augmente la colère.

 

- Regarder une plante verte, la couleur verte

 

- Boire un verre d'eau : sous stress, le cerveau se déshydrate.

 

- Jouer : le jeu a un pouvoir incroyable pour résoudre des problèmes de comportement

 

- Mettre de la musique : qui correspond à la situation (rock...)

 

- Faire des mouvements amples : comme si on coupait du bois à l'aide d'une hache

 

On peut aussi préparer une pâte à pizza, préparer des artichauts, taper des pieds pour libérer la charge énergétique.

 

Toutes ces techniques ont pour but de libérer le corps des hormones de stress.

 

3. Règles ou limites?

 

Les enfants adorent les rituels, même si c'est un rituel négatif. (Par exemple, si le moment du coucher est compliqué et se termine systématiquement en pleurs.) Isabelle Filliozat explique que dans ces situations, lorsqu'un parent crie sur son enfant, la plus grande peur qu'a l'enfant est que son père ou sa mère ne l'aime plus. Elle suggère donc d'expliquer à l'enfant : 

"Tout à l'heure, j'ai crié très fort, ça a dû te faire peur. Peut-être que tu t'es dit que je ne t'aimais plus. Je t'aime!"

 

Isabelle Filiozat utilise l'image du lait sur le feu qui déborde de la casserole : inutile de mettre un couvercle, il vaut mieux éteindre le gaz!

 

Les règles sécurisent, les limites insécurisent. Lorsqu'on voit notre petit se rebeller, on pourrait penser : "Chouette! C'est un humain!". En effet, quand un enfant  découvre qu'il peut utiliser son cerveau pré-frontal, l veut l'exploiter à fond et ne veut pas qu'on lui donne d'ordres. Tous les humains ont besoin d'autonomie. La liberté permet d'explorer et de sentir son pouvoir personnel.

 

Isabelle Filliozat poursuit donc en mettant en avant la ncéessité d'offrir une liberté aux enfants, c'est ce qui leur permet de devenir autonome. Lorsqu'on aide un enfant, on le prive de son pouvoir personnel.

 

4. Le réservoir d'adaptation

 

Isabelle Filliozat préfère parler de réservoir d'adaptation plutôt que de réservoir d'amour. Elle explique que l'attachement nourrit le réservoir d'adaptation et que l'amour n'est pas une récompense, c'est du carburant. Le jeu est un excellent moyen de remplir ce réservoir.Si chaque maman prend le temps de jouer au moins 30 minutes par jour avec son enfant alors, c'est physologique, le cerveau de l'enfant contiendra moins de cortisol (hormone du stress).

Avant de partir à l'école, chez la nounou ou à la crèche, prendre le temps de rire avec son enfant permet à celui-ci de ne pas commencer la journée avec son réservoir vide.

 

5. Le rôle de l'alimentation

 

Au fur et à mesure des situations présentées par les parents, Isabelle Filliozat aborde de nombreux sujets et le cas présenté par une maman lui permet d'évoquer l'impact que peut avoir l'alimentation de nos enfants sur leur comportement.Isabelle Filliozat nous présente une sucette Spider Man et demande à un papa dans la salle de lire la liste des ingrédients.

 

Celui-ci s'exécute et la liste des additifs n'en finit plus, il y a même écrit : 

 

"peut causer des troubles de l'attention et du comportement chez les enfants."

 

Elle parle ensuite de l'intolérance au gluten, qui se traduit souvent par un enfant qui n'est jamais content de rien. Elle explique la dysbiose intestinale. Le gluten se fixe sur les récepteurs opioïdes et déclenche une réaction de mal-être, ayant des difficultés à sécréter de la dopamine.

 

Conclusion

 

La journée se termine à l'heure, avec des acclamations de joie et des applaudissements. Isabelle Filliozat prend même le temps de dédicacer les livres de tous les parents.

 

C'était une journée passionnante, qui a permis de remplir le réservoir d'adaptation des parents et qui nous permet d'y voir plus clair sur le comportement de nos enfants qui peut parois être vraiment déroutant.

 

On se souviendra aussi du moment de "bougeaille" proposé par Isabelle Filliozat au cours de la journée permettant à tout le monde de libérer l'énergie canalisée pendant tout ce temps assis sur notre chaise. Une notion à partager avec nos enfants pour leur permettre de se défouler avant d'attendre le médecin dans la salle d'attente par exemple...

 

 

 

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