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"J'ai tout essayé, il continue" : résumé de la conférence d'Isabelle Filliozat du

Hier soir, j'ai assisté à une conférence d'Isabelle Filliozat, intitulée : "J'ai tout essayé, il continue". Cette conférence reprend le titre d'un de ses ouvrages les plus connus, qui donne quelques pistes d'exploration pour mieux comprendre les comportements des enfants de 1 à 5 ans.


Isabelle Filliozat, au début de sa conférence, nous propose de chercher à comprendre ce qui se passe dans la tête de nos enfants et de comprendre l'intention de leurs comportements.


Pour cela, elle pourrait faire sa conférence pendant 1h30 avant qu'on pose nos questions. Elle explique que si elle menait sa conférence de la sorte, seules les personnes ayant le plus confiance en elles oseraient prendre la parole et les autres repartiraient frustrées...


Elle propose donc un fonctionnement différent, la salle se découpe alors en petits groupes de 6 personnes et nous disposons de 7 minutes pour élaborer une question. Chaque groupe écrit sa question sur un morceau de papier qu'Isabelle Filliozat récupère. C'est ainsi que va se dérouler la conférence. Au fur et à mesure, elle lit chaque papier et nous permet de réfléchir ensemble à chaque situation décrite.


La première situation décrite tourne autour de la gestion des conflits au sein d'une fratrie. Le cas proposé parle d'une petite fille de 4 ans qui "tyranise" son grand-frère de 9 ans qui a alors tendance à se refermer sur lui-même.

Isabelle Filliozat explique que la fratrie demande effectivement plus de tavail aux parents puisqu'il faut alors apprendre à gérer ce qui se passe dans la tête de l'un et de l'autre. Souvent l'aîné est plus intellectuel car les parents parlent énormément au 1er enfant. Quand vient le 2ème enfant, les parents continuent de parler énormément au 1er tout en ayant le 2nd dans les bras. Le 1er est donc plein de paroles tandis que le 2nd est plein de papouilles. Il est donc fréquent que le second enfant soit plus corporel.

Le premier enfant a 2 parents et communique avec 2 adultes, tandis que le second communique avec 2 adultes et 1 enfant.


Le garçon de 9 ans va avoir tendance a être plus protecteur, il est plus grand, il sait se maîtriser, ne tape pas, ne mord pas. C'est à nous en tant que parent de lui apprendre des compétences sociales. On a besoin de lui enseigner comment communiquer.


Il peut ne pas avoir envie d'être au contact de sa petite soeur. Il y a alors un ensemble complexe dans sa tête et pour gérer l'émergence, il se retient.


Une solution consiste à établir une médiation entre les deux enfants. Il faut être à l'écoute des deux.


On peut demander à l'aîné : "Qu'est-ce que ça te fait à l'intérieur de toi? Qu'est-ce que tu as envie de faire? Ca doit t'exaspérer...


L'objectif est de lui permettre de sentir la colère, la frustration, l'aider à identifier ses émotions, lui permettre de les réguler en profondeur. On peut lui apprendre à poser des limites, par exemple, on va lui permettre de mettre sous clés certaines affaires qu'il ne souhaite pas que sa soeur utilise.


On peut lui apprendre aussi à négocier :

"Je n'ai pas envie de jouer au cheval, mais si tu veux on peut jouer au kangourou..."


Souvent, lorsque la demande est faite de manière tyranique, le demandeur n'a pas spécialement envie de faire ce qu'il demande mais cherche du contact. Une petite fille de 4 ans n'est pas capable de demander du contact. Pour le petit, l'aîné c'est encore mieux que les parents, le petit veut du contact et il remplit son réservoir d'amour à partir de son aîné.


Si l'aîné propose à sa soeur, de dessiner à côté de lui, ça peut suffire à satisfaire le besoin de celle-ci.


Isabelle Filliozat revient sur la formulation employée sur le papier "soeur tyranique", elle explique que 4 ans c'est un âge tyranique à la base, c'est un âge où on exerce son pouvoir. A 4 ans, on veut gagner, on change les règles, on a besoin de sentir son pouvoir naturel. C'est la phase "je prends le pouvoir".


A 4 ans, c'est l'imaginaire qui arrive. "Je peux penser à quelque chose dans ma tête et le faire devenir réel". Mais si le parent culpabilise l'enfant, alors l'enfant ne sent pas son pouvoir.



On enseigne ensuite à la petite soeur ; que se passe-t-il pour elle? "De quoi as-tu envie?". On peut lui apprendre à observer son frère, ça lui permet de se mettre à réfléchir, ce qui plaît beaucoup aux enfants. On peut l'éduquer à l'empathie. En effet, l'idée n'est pas de trancher mais d'aider chacun à développer les compétences dont il a besoin.


La question suivante, qu'Isabelle lit sur le morceau de papier est "Comment sécuriser un enfant sans interdiction?"


Isabelle explique qu'une interdiction entraîne une augmentation du rythme cardiaque, met sous stress. Elle indique que les mamans ont tendance à protéger "Il ne faut pas qu'il se fasse mal". Nous sommes équipées pour prendre soin d'eux.


Mais en fait, pour sécuriser son enfant, il faut éviter de l'aider dès bébé. On le laisse explorer à son rythme. Ainsi, on évite d'aider son bébé à se retourner dos-ventre et ventre-dos, on évite de lui approcher les jouets, on ne lui tient pas les doigts pour lui permettre de marcher, on n'installe pas son enfant sur le toboggan...


Elle explique que les bébés qui sont souvent dans les cosy (en dehors des trajets en voiture) ont plus de mal à construire leur dos que si on les laisse en motricité libre sur un tapis. Lorsque le bébé rampe, s'assoit seul, il se muscle tout le corps et cela lui permet d'assurer sa sécurité dans le futur.


Une interdiction est très tentante. Si on demande à un enfant de ne pas monter directement par le toboggan, alors ça va lui donner envie de le faire. Donner un interdit est dangereux, par exemple "Ne traverse pas la route en courant!".


Apprenons à donner des consignes!


Si l'enfant n'est pas aidé, il va acquérir de nouvelles compétences une fois qu'il se sent fort, il va explorer davantage et mieux comprendre le fonctionnement.


La sécurité se construit donc à l'intérieur.


La troisième question traitée par Isabelle Filliozat concerne une petite fille de 2 ans qui "fait son oedipe".


Isabelle Filliozat explique que le concept d'Oedipe est un concept très français, qui n'existe pas dans les autres pays du monde. Il s'agit d'une sur-interprétation. Quand un petit enfant dit "Je veux me marier avec toi", ça veut dire : "Je t'aime". A 2 ans, c'est normal que la maman soit l'amoureuse. Il arrive que les enfants choisisse un des deux parents systématiquement pour une activité. Il s'agit de l'exploration de comment on tisse la relation.

Lorsq'un enfant tape, il cherche un contact. Par exemple, lorsque la petite fille de deux ans tape son papa, le papa peut prendre la tape avec humour et dire "Chouette! On va faire une bonne bagarre!" Bien sûr, on laisse l'enfant gagner la bagarre!


Si au contraire, le papa s'en va, fâché, alors l'enfant va se sentir paniqué et va être obligé de le refaire jusqu'à ce que l'objectif soit atteint, c'est-à-dire jusqu'à ce qu'il ait obtenu le contact dont il a besoin. Souvent ce genre de réaction signifie : "Tu me manques trop".


La quatrième question concerne la façon dont on peut s'y prendre pour administrer un soin que l'enfant refuse en douceur.


Isabelle Filliozat précise qu'il y a des situations dans la vie, où il y a des contraintes (administrer un médicament, un soin médical, attacher la ceinture de sécurité...)


Le parent peut essayer de comprendre ce qui se passe pour son enfant. Par exemple si c'est parce que le médicament n'est pas bon, on va être honnête avec lui, "dire les choses pour de vrai" : "Berk, qu'est-ce que c'est mauvais!" On peut se trouver un aliment qu'on n'aime pas nous même, du fenouil par exemple. On montre alors à l'enfant comment on fait. On peut imaginer différentes possibilités autour du fenouil pour que ce soit plus facile. Par exemple on lui montre où positionner l'aliment sur la langue : à l'arrière de la langue, les récepteurs seront moins sensibles au mauvais goût que devant.


On évite les récompenses et on privilégie l'élaboration de stratégies. Dans toute situation, qui semble insurmontable, on peut élaborer une stratégie.


La cinquième question concerne une petite fille de 2-3 ans qui se bloque, dit non et fait une crise lorsqu'on lui demande d'aller se coucher ou lorsqu'on la prévient qu'on va l'emmener chez ses grands-parents.


Isabelle Filliozat revient sur le mot crise. On croit que l'enfant fait une crise parce qu'on lui a dit de se coucher mais en fait c'est sûrement car il a accumulé des frustrations et qu'il n'a pas eu de moment pour en parler à maman. Au moment du coucher, il se rend compte qu'il n'a pas pu décharger et c'est le dernier "truc" qui fait exploser.


L'enfant de 2-3 ans accumule puis fait une crise. Isabelle met l'accent sur le fait que les enfants d'aujourd'hui font plus de crises car l'environnement a changé, ils consomment beaucoup plus de sucre. Le sucre, les colorants peuvent avoir une énorme influence sur l'enfant et le transformer en pile électrique (Cf mention sur les sucettes, les raviolis...)

La moindre frustration fait alors exploser l'enfant, il ne sait pas réguler ses émotions, il vit trop de stress dans la journée et subit un stress environnemental. Le parent peut se rendre vite compte que c'est directement lié au sucre si les crises apparaissent 20 minutes après le repas par exemple. Elle nous a parlé de l'exemple d'une crèche qui servait du jus de pomme bio aux enfants au goûter et le personnel avait remarqué l'apparition de crises juste après le goûter. Et oui, même du jus de pomme bio, c'est un apport en sucre...


De plus, les enfants ne sortent pas assez alors qu'ils ont énormément besoin de bouger. C'est donc une très mauvaise idée de laisser les enfants assis. Ils peuvent manger debout, étudier debout... Les élèves qui étudient debout sont plus concentrés.


Mais que faire une fois que la crise est déclenchée?


A 2 ans, un enfant a un cerveau émotionnel. Il a donc besoin de notre cerveau d'adulte pour se réguler. Il a besoin d'être pris dans les bras.


Une crise, c'est différent d'une colère. Lorsque l'enfant est en colère, il se tient bien droit les poings serrés. Lorsqu'il s'agit d'une crise, il va dans tous les sens. Il a besoin d'ocytocine, qui est sécrétée lorsqu'on regarde tendrement notre enfant, lorsqu'on lui fait un câlin.


Si on laisse l'enfant faire sa crise seul, il va être sous stress, c'est une réaction physiologique qu'ont tous les mammifères. Les réactions automatiques qui vont en découler sont l'attaque, la fuite et l'immobilisation. Lorsque l'enfant se fige, il est insensibilisé, ce qui lui permet de se protéger.


Quand l'enfant fait une crise dans un supermarché et que le parent laisse l'enfant seul en changeant de rayon, l'enfant se sent en danger et se fige. Beaucoup de crises ont lieu avec la maman, qui est souvent la principale figure d'attachement.


Si on répond au stress de l'enfant, on lui permet de construire des réseaux de neurones, on l'aide à construire sa capacité à réguler ses émotions. Le cerveau d'un tout-petit a très peu de connexions entre les neurones, ces connexions se fabriquent grâce à l'intéraction.


Pour aider l'enfant, en cas de crise, on peut se mettre à son niveau, un genou à terre et mettre l'enfant à califourchon sur notre cuisse, tourné vers l'extérieur. Si on prend l'enfant tête tournée vers nous, il n'a pas suffisamment d'espace pour s'exprimer. Il a 2 besoins à ce moment-là :

- pouvoir personnel (il ne faut pas trop le contenir)

- sécréter de l'ocytocine.


Le câlin ne doit pas être trop long, car s'il dure trop, l'enfant va se dire "si ma mère continue de me tenir, ça signifie que le danger est toujours présent." Il va alors se remettre à pleurer.


Après cette question, Isabelle Filliozat a tiré une autre question concernant la gestion des conflits dans la fratrie. Comme elle avait déjà abordé ce thème en début de conférence, elle nous a juste raconté, qu'au Japon, ils avaient une technique qui consistait à passer nonchalamment devant ses enfants en pleine bagarre et de dire "Pierre, feuille, ciseaux". On fournit alors aux enfants un cadre dans lequel ils peuvent se confronter.


La question suivante traitait de l'opposition d'un enfant face à son parent.


Notre cerveau pré-frontal nous permet de résister à la contrainte. Un enfant qui vient de développer son cerveau pré-frontal veut et va l'utiliser énormément. Celui-ci se construit jusqu'à 28 ans. L'enfant aura donc tendance à résister à toute contrainte.


Pourtant en tant que parent, on a tendance à vouloir obliger l'enfant à faire ce qu'on attend de lui par tous les moyens. Et si on fait une erreur, on recommence la fois d'après. Pourtant, dans aucun métier qu'on exerce à côté on va s'acharner à refaire la même erreur...


Un enfant sain est un enfant qui s'oppose. Si l'enfant est soumis, cela signifie que quelque chose s'est brisé en lui.


On devrait se dire : "Chouette, mon enfant s'oppose, c'est un humain!". On sera bien content qu'à 14 ans il s'oppose à ses copains qui tenteront de lui offrir sa première cigarette!"


En tant que parent, on doit être attentif à :


- fournir de l'attachement

- fournir un pouvoir personnel à l'enfant


Plusieurs solutions peuvent inciter l'enfant à faire ce qu'on attend de lui :


- lui donner un choix. Par exemple, si l'enfant refuse d'aller prendre son bain, on peut lui demander s'il préfère jouer avec le canard bleu ou le canard rouge.


- la technique du mot unique. Par exemple : "bain" Comme le mot seul n'a pas de sens, l'enfant doit faire appel à son cerveau pré-frontal, il le stimule ce qui lui redonne du pouvoir personnel.


Et comment gérer l'arrivée d'un bébé dans la famille? Il ne faut pas mentir à l'enfant en lui disant qu'on l'aime autant qu'avant. L'amour, c'est du temps passé ensemble et avec l'arrivée d'un bébé, le temps consacré à l'aîné est forcément réduit. On va donc l'aider à exprimer ses émotions et partager les nôtres :


"Pour moi aussi c'est dur de ne plus avoir autant de temps à te consacrer..."


" Ca doit être difficile pour toi."


"Est-ce que des fois tu te dis que je t'aime moins que ton frère?".


Un regard tendre envers son aîné peut aussi l'aider.


Isabelle Filliozat finit sa conférence de cette façon :


Lorsque le bébé marche à 4 pattes, on a hâte qu'il marche debout. Ensuite, on a hâte qu'il rentre à l'école, puis qu'il se débrouille tout seul avec ses devoirs. Pendant l'adolescence on se dit, vivement qu'il parte de la maison. Et puis un jour on ouvre la porte de sa chambre et elle est vide, il a si vite grandi...







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