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Mon 4ème accouchement.

"Tu es blotti dans mes bras lorsque j'écris ces lignes, avec ma main gauche. Ton petit corps tout chaud, ton odeur toute douce, ta respiration tranquille m'accompagnent.


Ta naissance, j'ai commencé à la préparer il y a 9 mois, lorsqu'on a choisi d'agrandir la famille, lorsqu'on a décidé d'être 6. Je voulais t'offrir une arrivée dans ce monde en douceur, je voulais m'offrir un accouchement en conscience. Je ne me doutais pas que j'allais vivre de telles montagnes russes émotionnelles."



9 mois


Les 4 premiers mois, les hormones m'ont rappelée qu'on n'était pas très copines; j'ai passé ces longs mois la tête dans la cuvette, 10/15 fois par jour puis les nausées ne m'ont pas quittée jusqu'à ta naissance, agrémentées de malaises vagaux. Mon corps me préparait à ralentir, à lâcher prise, en me focalisant sur l'essentiel : prendre soin de toi.


J'ai eu la chance d'être accompagnée par 3 sage-femmes à l'écoute, soutenantes et empathiques, quel soutien!


Dès que j'ai pu, je me suis inscrite à la maison de naissance de Bourgoin-Jallieu : PHAM "Premières Heures Au Monde".


Les critères pour accoucher en maison de naissance sont très stricts et jusqu'au jour J, on n'est pas certaine de pouvoir y faire naître son bébé :


"Pour accoucher à PHAM il faut être en bonne santé et avoir une grossesse qui se déroule normalement. Les critères précis d’accouchement à la maison de naissance sont encadrés par la Haute Autorité de Santé (HAS). Elle précise par exemple que les femmes ayant un antécédent de césarienne ou les femmes dont le bébé se présente par le siège ne peuvent pas accoucher en maison de naissance.Si en cours de grossesse un facteur de risque, empêchant la naissance à PHAM, apparaît vous serez réorientée par votre sage-femme vers la maternité partenaire pour assurer la suite des soins."


Chaque mois je croisais les doigts pour que toutes mes analyses soient dans les normes de la maison de naissance, il a fallu que je fasse remonter mon taux de fer, que j'élimine une cholestase gravidique mais surtout que j'accepte que sa naissance puisse se passer d'une autre façon que celle que j'idéalisais.


Après plusieurs rebondissements, échographies, consultation avec un gynécologue, pleurs, doutes... Le gynécologue que j'ai vu ne cesse de me dire que mon bébé est gros, que je ne peux pas accoucher comme je le souhaite. Je doute, "est-ce que j'en suis capable?"


Je prends rdv avec ma sage-femme et on envisage toutes les éventualités : de la césarienne, à l'accouchement en plateau technique. On parle dystocie des épaules, déclenchement... mais surtout elle me redonne confiance en mes capacités à accoucher. En rentrant, une amie m'envoie une méditation sur la naissance, je fais de la sophrologie et je me sens enfin prête.


Le jour J


Le lendemain, je sais que sa naissance est proche, je sens qu'il y a des changements dans mon corps, je propose à mon mari de faire venir son papa, j'échange des messages avec ma sage-femme.


A 19h30, je ressens les premières contractions, elles sont intenses, elles sont irrégulières mais je préviens mon mari que je pense que c'est pour cette nuit. Rapidement, elles se rapprochent, je dois m'isoler pour souffler longtemps par la bouche, penchée en avant, en appui sur un meuble. J'envoie un message à notre amie, qui s'est proposée de garder nos 3 loulous, un autre à ma sage-femme pour la tenir informée. Ma sage-femme me demande des détails puis me propose de la rejoindre à la maison de naissance pour qu'on fasse un point.

5 minutes après, les enfants sont prêts pour une soirée cinéma à la maison, au programme pour eux : "l'Âge de glace" et notre amie arrive pour veiller sur eux.


Notre amie est aussi sage-femme, alors elle propose de m'ausculter car on a 45 minutes de route pour arriver à la maison de naissance. Le col est ouvert à 4, la poche est bombante, c'est plutôt une bonne idée de prendre la route sans attendre. Avant de partir, un gros câlin à mes 3 loulous. mon fils aîné s'assure que j'ai bien le bracelet qu'ils m'ont tissé, celui où ils ont mis toute leur force dedans. Il me souffle à l'oreille que je suis forte et qu'il est trop content que le bébé soit prêt à sortir ce soir.


A 19h45, on est en route, je fais une pause en appui contre la voiture pour laisser passer une contraction et mon mari démarre. Cette fois c'est sûr, la prochaine fois qu'on rentre à la maison ensemble, notre bébé sera là! Installée à l'arrière de la voiture, je ferme les yeux en essayant de visualiser un vague à chaque contraction, je souffle, accrochée à la poignée puis finalement j'ouvre les yeux et là, sur le bord de la route, un chemin de coquelicots nous guide jusqu'à la maison de naissance. Je repense à l'image que m'avait partagée une amie : la fragilité des pétales du coquelicot, comme le col qui s'ouvre pour laisser le passage au bébé. Je ne quitte pas les coquelicots des yeux et ils m'aident tout le temps du trajet à accueillir les contractions.


A 20h30, nous arrivons à la maison de naissance, c'est Nathalie, notre sage-femme qui nous ouvre, on devine son sourire sous son masque. Elle me fait entrer dans la chambre, aux murs roses couverts de bulles, une petite lampe de chevet et une lampe de sel sont allumées, l'ambiance est apaisante, je m'y sens bien, entre 2 contractions j'échange avec elle. Elle prend tout ce dont elle a besoin dans ma valise et celle de bébé. Elle me demande si je veux savoir où j'en suis alors je profite d'un répit et elle m'annonce que le col est ouvert à 7. Notre bébé sera sûrement là avant minuit.


Les contractions sont très rapprochées, toutes les 2 minutes. Elle me propose de m'installer dans la piscine, l'eau est chaude, quel soulagement. La douleur est forte mais les temps de pause entre chaque contraction sont vraiment magiques et me permettent de reprendre des forces pour accueillir la suivante. A ce moment-là, j'accueille cette expérience incroyable, dans une ambiance douce, entourée de mon mari et de ma sage-femme, chaque contraction nous rapproche de notre bébé. C'est la quatrième fois que j'accouche, c'est la première fois que je me sens aussi bien, je sais que j'accouche en conscience, j'avais rêvé d'une naissance en douceur pour mon bébé, je vis ce moment-là, je ressens tellement de gratitude. Je regarde mon bracelet, celui que m'ont fait mes enfants à l'occasion de mon blessing Way, je pense à toutes ces femmes qui accouchent, je pense à leur force. Je regarde le bracelet rouge à ma cheville, celui que j'ai tissé lors d'une retraite ressourçante, celui qui incarne la sororité, celui qui me lie aux femmes du monde, à celles qui m'entourent, à celles qui m'accompagnent. Je peux le faire, je sens mon bébé qui descend.


La poche des eaux se rompt dans la piscine et la douleur change, plus intense, le col est à dilatation complète, il est 22h30. A ce moment-là, la tête de mon bébé est encore haute. Il y a maintenant 2 sage-femmes avec nous, j'ai de grosses douleurs dans les reins et je sens une des sage-femmes me faire un massage dans le bas du dos avec de l'huile : elle a des mains magiques. Les fortes pressions qu'elle exerce soulagent la douleur de façon incroyable.


Malgré l'intensité des contractions, je ne sens pas d'évolution. Nathalie me propose alors de sortir de la piscine et de continuer le travail sur le tabouret d'accouchement. J'ai une douleur dans le bas ventre qui ne me quitte plus. Même entre deux contractions, elle persiste et j'ai du mal à reprendre des forces. Je me dis que je ne vais pas y arriver, c'est la phase de désespérance. Comme il n'y a toujours pas d'évolution, je change de position, je suis debout, je suis suspendue à mon mari, puis à une écharpe, puis allongée sur le lit. Nathalie m'explique qu'il n'est pas loin mais que sa tête a du mal à trouver son chemin dans le bassin, qu'on va l'aider en faisant des mouvements avec mes hanches.


A ce moment-là, je sens que malgré tous mes efforts, sa tête ne descend pas, la douleur ne me lâche pas, je n'en peux vraiment plus. Il est minuit, Nathalie m'explique que je pousse encore quelques fois puis qu'on me transférera à la maternité s'il ne se débloque pas. Elle m'explique que si on monte, ils utiliseront une ventouse pour sortir mon bébé. Alors je pousse de toutes mes forces, malgré la douleur dans le bas ventre, malgré son pied en appui sur mes côtes.


La deuxième sage-femme arrive avec un fauteuil roulant, mes efforts ont été vains, je dois être transférée. Je ne suis pas déçue, à ce moment-là, j'ai juste envie que la douleur s'arrête. Il faut que je monte sur ce fauteuil mais passer du lit au fauteuil me demande des efforts considérables, j'ai tellement mal. Finalement, je me retrouve en marche arrière, accroupie sur ce fauteuil que Nathalie pousse jusqu'à la salle d'accouchement. Je vois le regard de mon mari, qui aimerait me soulager de la douleur mais se sent impuissant.


Arrivés en salle de naissance, 2 sage-femmes prennent le relais, elles tentent quand même de me faire pousser mais mon bébé ne descend pas. La gynécologue arrive, elle essaie à son tour mais mon bébé est toujours trop haut. Il faut utiliser une ventouse. C'est stressant, j'appréhende la douleur, je n'ai pas de péri, je ne sais pas ce qui m'attend avec cet instrument. Nathalie me rassure, me dit qu'elle voit les cheveux. La gynécologue installe la ventouse, elle tire, la tête de mon bébé sort, il ne me reste qu'à pousser une fois, à la prochaine contraction, les épaules sortiront. La douleur s'évanouira. Je pousse.


"Tu peux attraper ton bébé" me souffle Nathalie. Je l'attrape sous les bras, je le pose sur ma poitrine, mon bébé est là, il va bien, il pleure un petit peu, mon mari fond en larmes. Je n'en reviens pas, notre bébé est là, il est tout paisible, ses traits sont parfaits, on l'aime déjà jusqu'à la lune.


Tout le monde sort de la pièce, il ne reste que mon mari et Nathalie. Elle nous explique qu'on a deux heures de peau à peau rien qu'à nous, qu'on le pèsera ensuite, que le plus important c'est qu'il atterrisse en douceur.


Il est 00h27, Nathalie est un peu déçue pour nous, qu'elle ait dû me transférer. Je n'ai aucun regret, ce que nous avons vécu à Pham était incroyable : la douceur du lieu, la bienveillance des sage-femmes, les échanges de sourires masqués, les mots justes, les encouragements, la confiance, le soutien. Je sais qu'on a fait de notre mieux, que ce transfert était nécessaire et que je tiens dans mes bras un petit bonhomme qu'on va couvrir d'amour, qui est en bonne santé et que je suis tellement heureuse de pouvoir enfin materner.


00:37, mon mari et moi regardons admiratifs notre petite merveille téter, il se débrouille déjà comme un chef et nous sommes déjà si fiers de lui.


Je suis épuisée mais tellement heureuse. Quelle chance d'avoir pu vivre une telle expérience avec mon mari. Nous sommes 6!


Je suis rentrée à la maison le jour de sa naissance où j'ai découvert avec bonheur les sourires et les regards pleins d'amour de ses deux grands-frères et sa grande-soeur.


Depuis le 15 mai, je vis au ralenti, au rythme de ce petit-être qui fait déborder notre coeur d'amour, au rythme de ses tétées, de ses réveils nocturnes. J'ai les yeux qui piquent mais quand je les regarde tous les 4, je me dis que ces moments suspendus ont une saveur unique!


Je ressens énormément de gratitude envers Nathalie, merci à elle de nous avoir permis de vivre le plus magique de nos accouchements.


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